Accueil A la une L’UGTT se mobilise contre la circulaire 20 : Menaces douces

L’UGTT se mobilise contre la circulaire 20 : Menaces douces

• Les syndicalistes se mobilisent dans l’objectif de pousser, voire d’obliger, la Cheffe du gouvernement à annuler la circulaire n°20 relative aux conditions des négociations sociales
• Tout en menaçant de lancer une série de grèves générales dans le secteur et la fonction publics, on continue à soutenir que l’Ugtt n’est  pas en rupture avec le Palais de Carthage
• La commission administrative nationale se réunira prochainement pour fixer les moyens de lutte contre la circulaire n°20

En attendant la rencontre de Kaïs Saïed avec le nouveau bureau exécutif de l’Ugtt issu du Congrès de Sfax tenu à la mi-février dernier, rencontre annoncée par Sami Tahri, secrétaire général adjoint de la centrale syndicale ouvrière chargé de la communication, et en attendant aussi le discours que pourrait prononcer le Président Kaïs Saïed le 20 mars prochain à l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance pour annoncer, comme le prédisent déjà certaines sources se disant au parfum de ce qui se passe au Palais de Carthage, le prolongement du délai de clôture de la consultation populaire, l’Ugtt a, paraît-il, décidé de lancer sa propre guerre contre la fameuse circulaire n°20 émise par Najla Bouden, Cheffe du gouvernement, fixant les conditions des négociations sociales entre les syndicats et les chefs des entreprises publiques ou les responsables de la fonction publique, négociations qui doivent, selon la circulaire, obtenir l’aval du Palais de La Kasbah avant de démarrer.

On apprend, en effet, qu’à la place Mohamed-Ali, on est en train de penser la mise en place des meilleures formes possibles de l’action militante syndicale dans le but de pousser, voire d’obliger le gouvernement à annuler la circulaire n°20.

Et c’est bien Sami Tahri, le secrétaire général adjoint chargé de la communication, qui a pris l’initiative, à deux reprises, pour faire part que les syndicalistes vont, se mobiliser contre la circulaire ministérielle en question.

D’abord, dimanche 13 mars, il a révélé à l’agence Tunis-Afrique Presse (TAP) que le département secteur et fonction publics relevant de l’Ugtt se réunira dans les jours à venir, dans le but de déterminer les formes auxquelles les syndicalistes auront recours dans leur guerre anti-circulaire n°20.

Il ajoute :  «Les recommandations qui seront proposées par les syndicalistes du secteur et de la fonction publics seront soumises à la réunion de la commission nationale administrative dont les travaux se tiendront prochainement».

Ensuite et dans un post publié sur sa page officielle Facebook, Sami Tahri n’attend plus la réunion de la commission nationale administrative pour révéler qu’une grève générale est programmée dans le secteur et la fonction publics, sans toutefois en préciser la date.

Tout de même, une information: «Les transports observeront demain, mercredi 16 mars, un mouvement de protestation pour revendiquer, indique Sami Tahri, le retrait de la circulaire n°20 et la reprise du dialogue social».

Il relève, en outre, à propos de la circulaire n°20, «qu’un rapport a été rédigé et adressé à l’Organisation internationale du travail (OIT)».

Il est à rappeler que la mobilisation de l’Ugtt contre la circulaire n°20 qui date du 11 janvier 2002 n’a pas attendu la tenue de son 25e congrès national les 16 et 17  février dernier à Sfax pour s’organiser.

Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Ugtt, a signifié à la Cheffe du gouvernement Najla Bouden qu’aussitôt la circulaire n°20 publiée au Jort, «les négociations sociales sont un droit fondamental reconnu par l’organisation internationale du travail (OIT) et que la Tunisie est signataire des conventions internationales 87, 89, 151 et 154 relatives aux libertés syndicales».

L’Ugtt va encore plus loin et annonce qu’elle «solliciterait l’OIT pour trancher en cas de conflit».

Sauf qu’à la faveur de la tenue du congrès de Sfax et à la suite des deux messages de félicitations adressés par Kaïs Saïed et Najla Bouden à Noureddine Taboubi et  aux membres du nouveau bureau exécutif, on a cru à un début d’apaisement entre l’Ugtt et les palais de Carthage et de La Kasbah, dans le sens de la reprise du dialogue social et de l’association de l’Ugtt aux négociations que le gouvernement s’apprête à entamer dans les jours à venir, avec le Fonds monétaire international (FMI) dans l’objectif de renflouer les caisses vides de l’Etat.

Est-il possible de penser que les syndicalistes sont en train de souffler le chaud et le froid dans l’évolution des rapports de leur organisation avec le gouvernement et aussi avec le palais de Carthage ?

Comment faut-il saisir les menaces «douces» exprimées par Sami Tahri et les déclarations d’apaisement faites hier par Noureddine Taboubi dans son discours prononcé à l’occasion de la commémoration du décès du leader syndicaliste Habib Achour ?

Le SG de l’Ugtt affirme, en effet, que la centrale syndicale ouvrière n’est pas en rupture avec le palais de Carthage, qu’elle est prête à collaborer efficacement à la réussite du processus post-25 juillet à condition d’y être associée conformément à son statut au sein de la société.


Ce que prévoit la circulaire n°20

La Cheffe du gouvernement Najla Bouden a fixé, dans une circulaire datée du 9 décembre 2021 à l’attention des ministres, des secrétaires d’Etat, des PDG et DG d’entreprises ou d’institutions publiques, certaines mesures à respecter pour entamer des négociations avec les syndicats.

En effet, selon le document, la présidence du gouvernement souligne la nécessité de coordonner avec elle à travers le secrétariat général du gouvernement avant d’entamer toute discussion dans la fonction publique ou des entreprises ou institutions publiques et de ne pas entamer les négociations avant son aval.

La présidence du gouvernement exige aussi l’étude des revendications présentées par les syndicats et son accord, à travers un rapport détaillé sur la concordance avec les textes de loi, outre le coût de ces demandes, le tout en coordination avec les services spécialisés du ministère des Finances.

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